dimanche 31 octobre 2010

Antonia, Anne et Marie PIGNOLE

D'une ferme à l'autre

Trois femmes, probablement parentes mais les PIGNOLE sont nombreux dans la région et les liens remontent loin dans les registres paroissiaux. Ses trois femmes là vivent à Castelsagrat en 1914 et l'histoire va les relier d'une tout autre manière. Les quatre années qui vont suivre sont celles de l'attente, de l'espoir, de la douleur. Lorsque le 11 novembre 1918 les cloches annoncent la fin de cette tragédie, se sont trois femmes comme tant d'autres en France et en Allemagne, veuves, mères et grands-mères éplorées.

Antonia, la plus jeune à 28 ans en 1914. Mère de deux enfants, Emilienne 9 ans et Gérémie 4 ans elle vit chez ses beaux parents François PELLAQUIE et Marie née BALITRAND, cultivateurs au lieu dit de Borde Haute. Son époux, Ernest, 35 ans, est probablement mobilisé dès août 1914.

Anne a 42 ans. Née à Brassac, elle s'est unit le 4 mai 1897 à Etienne Garceau né à St Paul d'Espis mais dont le père est Castelsagratois. Le jeune couple s'installe au village. Leur fils unique, Clément naît 12 mois après, le 22 mai 1898, puis en 1901, Julie vient compléter la petite famille. Etienne Garceau est cultivateur, Anne est servante auprès de la famille BOYE, Docteur en Médecine à Castelsagrat. L'été 14, Clément a 16 ans, son père 44 ans. Lequel des deux partira ?

Marie, 62 ans, épouse de Etienne COUSTAU est quant à elle, mère et grand-mère. Sa fille aînée, Marthe a épousé Jean CONDIS (1872) et lui a donné 3 petits enfants, Julienne (1895), Omer (1896) et Marie Marguerite (1898). Sa seconde, Julie, mariée à Jean BAYLE (1873) lui a donné une petite fille Madeleine (1902). Reste à la maison, en 1914 son dernier, Armand, 30 ans, célibataire, une aide précieuse pour gérer la ferme familial au lieu dit Giscard. Les deux gendres et le fils sont donc mobilisables dès 1914.

Lieu dit "Lamothe" à 500m de "Giscard".
Durant ces quatre années de guerre, l'attente sera longue. Des hommes reviendront, blessés, meurtris, des jeunes que l'on espéraient garder encore rejoindront leurs aînés. Dans la campagne, au village, les premiers disparus et tués sont annoncés. Le 10 octobre 1914, la première famille endeuillée est à "Moulin à Vent", les GIBERT apprennent la mort de leur fils, Jacques âgés de 22 ans, tué le 8 septembre. Mais il n'est pas le premier, on apprendra plus tard qu'Antoine BONNEFOUS a été tué le 5 septembre. Les deux familles perdront chacune un deuxième fils, tout comme les LACROIX au lieu dit Buzenou .

Plus près d'Antonia PIGNOLE, à Borde Haute, son voisin, Aramis Delsol (32 ans) meurt des suites de ses blessures en octobre 1915 à l'hôpital du Louvre à Paris.

Dans les fermes, la vie suit son cours, péniblement, et les jeunes femmes, seules, accouchent en l'absence de leur maris, partis au front. Ainsi, l'épouse d'Antoine BONNEFOUS met on monde une petite Henriette en mars 1915. Esther FRABEL naît quant à elle, quelques semaines après la mort de son père, Marcellin.

Borde Haute voit la naissance d'Agnès Marcelle, en avril 1915, fille de Jean DELMAS, 44 ans, mobilisé et de Hermide Tissèdre.
A Rouchou, Berthe David accouche de son premier enfant Marie Josèphe Juliette fille de Albert POUJALS, 31 ans, cultivateur, mobilisé.
Au village, Antoinette Falques, 28 ans,  épouse du marchand de grain Jean FAURE, 44 ans, mobilisé, met au monde le 16 octobre 1915 une fille prénommée Marie Thérèse Antoinette.
A St Michel, Jean André naît le 8 juin 1916, fils d'Adolphe ANDRIEU, 30 ans, cultivateur mobilisé au 18e RI d'Agen et de Marie Lestrade.

Sur les vingt naissances recensées entre août 1914 et novembre 1918, deux  enfants seront orphelins de guerre, 18 "nouveaux" pères rentreront dans leur foyer.
Vallon de la Barguelonnette entre Fourquet & Lamothe

Et nos femmes PIGNOLE !

Anne PIGNOLE, perdra son jeune fils, Clément GARCEAU, 19 ans, soldat au 20e RI, mort des suites de maladie broncho-pulmonaire le 26 juin 1917 à l'hôpital mixte de Marmande.

Antonia PIGNOLE est veuve le 5 juin 1918. Ernest est tué au combat de Craisne en Picardie. La transcription de l'acte de décès sera faîte à Brassac, ce qui laisse supposer qu'Antonia était reparti vivre auprès de ses parents. Ses patrons ne sont pas épargnés. Le Docteur BOYER, Médecin Major au 17e corps d'armée décède des suites de maladies contractées aux armées le 29 avril 1919 à Montauban.

Marie PIGNOLE, apprendra la disparition de son petit fils Omer CONDIS, lors de la bataille de Verdun (Crête de Caurières le 8 septembre 1917). Son époux, Etienne COUSTAU décède le 2 janvier 1918. Le 11 novembre 1918, alors que toute la France respire, elle pense peut être encore revoir son fils soldat au 69e Régiment d'Infanterie. Hélas, deux jours avant, le 9 novembre, lors de la bataille d'Eke en Belgique, celui ci est tué.
"Depuis plusieurs jours le régiment tente de franchir l'Escaut. Ils y parviennent le 8 novembre. (3 tués). Le 9 novembre, la 69e tient la tête de pont jusqu'à 18 heures où elle est relevée. (pertes : 1 tué, 21 blessés, 5 disparus).
Armand COUSTAU fait donc partis de ceux là. 2 jours à peine avant l'armistice.

Le 9 décembre 1918, le 69e Régiment d'Infanterie est cité à l'ordre de la VI Armée pour le motif suivant :
".......; le 8 novembre en dépit de difficultés de toute nature, bravant le débordement d'un fleuve et le tir nourri des mitrailleuses de l'artillerie ennemies, est parvenu, avec des moyens de fortune, à lancer au delà de l 'Escaut, un détachement de 3 compagnies sous les ordres du Capitaine ENO, qui a établi une forte tête de pont contre laquelle devaient venir se briser impuissantes, les contre-attaques del 'ennemie.
Par ordre N°40 "F" le droit au Port de la Fourragère aux couleurs du ruban de la MÉDAILLE MILITAIRE est conféré au 69°RI" (Source SGA Mémoire des Hommes, journaux de marches du 69e RI.)

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 Marie et Antonia sont en réalité cousines à des degrés différents, le père de Marie étant le frère du grand-père d'Antonia. J'ai continué cette branche jusqu'en 1790, Pierre Pignole, leur aïeul commun est né à Fauroux, commune située au pied de Brassac (dans le vallon).



Pierre PIGNOLE ca 1790-1858 & Marie DEBERTRAND


1. Jean PIGNOLE ca 1825 & Jeanne BONNAL
1.1. Bertrand PIGNOLE 1859 & Marguerite MARCHET
1.1.1. Anne Antonia PIGNOLE 1886 &1904 Ernest PELLAQUIE, Mort pour la France 1879-1918
1.1.1.1. Emilienne PELLAQUIE 1905
1.1.1.2. Gérémie Joseph François PELLAQUIE 1910

2. Bertrand PIGNOLE 1828 &1855 Marthe DELPERE 1837
2.1. Marie PIGNOLE 1856/ &1872 Etienne COUSTAU 1848-1918
2.1.1. Marthe COUSTAU 1877-1956 &1893 Jean CONDIS 1872
2.1.1.1. Julienne CONDIS 1895-1980
2.1.1.2. Omer CONDIS, Mort pour la France 1896-1917
2.1.1.3. Marie Marguerite CONDIS 1898-1988
2.1.2. Julie COUSTAU 1882 &1899 Jean BAYLE 1873
2.1.2.1. Madeleine BAYLE 1902-1987
2.1.3. Armand Lucien COUSTAU, Mort pour la France 1884-1918

Anne est également issue d'une branche de Fauroux, d'un autre Pierre Pignole, né en 1770.

Pierre PIGNOLE 1770-1826 & Jeanne FLOURENS 1767-1829

1. Géraud PIGNOLE 1799 &1828 Anne ROQUES 1808
1.1. Bernard PIGNOLE 1829 &1857 Marguerite BOISSIERE 1828
1.2. Bernard PIGNOLE 1845 &1873 Marie DAUNAC 1853
1.2.1. Marie PIGNOLE 1874 &ca 1897 Guillaume SERINGES 1873
1.2.2. Anne PIGNOLE 1876-1951 &1897 Etienne GARCEAU 1870
1.2.2.1. Clément GARCEAU, Mort pour la France  1898-1917
1.2.2.2. Julie GARCEAU 1901-1953

Sources : SGA mémoire des Hommes. Etat civil Marie de Castelsagrat, Recensement 1911 Castelsagrat (Archives départementale de Montauban), Archives en ligne du Tarn et Garonne.

PhotoCollection personnelle.
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