mardi 27 décembre 2011

Les Frères BILLON - Vendéens

Plage de Vendée
Au fil des siècles des centaines de Vendéens ont rejoint des contrées lointaines et inconnues, de l’autre côté de la mer. Fuyant la pauvreté, espérant un avenir meilleur, au Canada, en Louisiane, n’importe où, là où la mer les portera.  Au début du 20e siècle, les nouveaux migrants ne partent plus vers les Amériques. Manouvrier, Domestiques agricoles, ils restent accrochés à leur terre natale et migrent vers le bassin Aquitain et les plaines de la Garonne. Le phylloxéra a ruiné les vignes 25 ans plus tôt. Les terres appartiennent à quelques riches propriétaires et les familles nombreuses ne peuvent placer tous leurs enfants dans ces exploitations. Elles partent donc vers des terres plus riches à la population moins dense.  Ces Vendéens  remontent  la Garonne, n’hésitent pas à « se  perdre » dans les coteaux. C’est ainsi que des familles vendéennes s’installent à Montjoi et Castelsagrat.
Aimé BESSONNET et Charles BILLON, inscrits sur le MAM de Castelsagrat, sont de ceux-là.
La famille BILLON est originaire de
La Barre de Mont,  en Vendée.  Charles Ferdinand BILLON (1851) et Marie Rose Aimée Louise RENAUT (1859-1903) ont  quatre  enfants.
·         Marie Louise née en 1880,
·         Charles Henri Joseph né en 1882, marié (1901) vivant à  Noirmoutier (1907),
·         Pierre Jean Providence né en 1883. 
·         Charles Louis Ernest dit Louis sur les différents recensements est né en 1887. 
Seul, le benjamin des fils émigre au retour de ses deux années de service militaire  (1908 et 1910). Il vit tout d'abord à Gasques puis à Montjoi et enfin Castelsagrat, trois communes du canton de Valence d'Agen (Tarn-et-Garonne).
 Charles Louis Ernest dit « Louis » épouse à Gasques une jeune vendéenne Marie Rosalie Clémentine MERCIER le 1er octobre 1910. Les parents de la jeune femme y sont installés comme agriculteur. Parmis les témoins du couple on trouve un cousin de Charles, Pierre LAINARD, 47 ans, Vendéen installé à Flammarens dans le Gers et deux amis, Constant Loiral 24 ans et Eugène CROISARD 68 ans, agriculteurs à Montjoi.

Le couple  s’installe tout d’abord à Montjoi en 1910 au lieudit « Larou », au nord du village où ils prennent une métairie. Anciens domestiques en Vendée, ils louent des terres et travaillent à leur compte. C’est ainsi que l’on peut espérer devenir un jour propriétaire.  Charles « Louis » a  24 ans. Son épouse, met au monde une première fille, Marie Louise le 6 août 1911, puis une seconde, Georgette le 21 août 1913. L’enfant décède trois mois plus tard  le 11 novembre 1913.
Ont-ils déménagé avant ou pendant la guerre ? On retrouvera en 1915 la famille,  dans une autre métairie, à « Guillonne », à mi-chemin entre Montjoi et Castelsagrat, au pied des deux bastides, mais  sur la commune de Castelsagrat. La Séoune alimente le Moulin de Latapie tout près.  Le grand-père BILLON, Charles Ferdinand a quitté lui aussi la Vendée et rejoint son dernier fils en Tarn et Garonne.
*****
Lorsque le 4 août 1914, l’Allemagne envahi la France, les trois fils BILLON sont concernés.
Le benjamin, Charles Louis, 27 ans,  le cheveu et les yeux bruns, le nez « busqué », le visage ovale, 1m66, est affecté au Régiment d’Infanterie de La Roche sur-Yon, où il arrive le 5 août 1914. 
Le cadet, Pierre, 31 ans a le cheveu et les yeux bruns, le nez « gros », le visage ovale, 1m69.  Soldat 2e classe. Il arrive à la Roche sur Yon, le 11 août 1914.
L’ainé Charles,  32 ans a le cheveu châtain, les yeux bleus, le nez « gros », le visage  rond et mesure, 1m 67.  Des trois fils, c’est  apparemment  le plus « fort caractère ». Il n’hésite pas à "jouer des poings" et aura quelques ennuis avant son service militaire.  2e canonnier servant en 1905, il a néanmoins fini son service actif  avec son certificat de bonne conduite.  Il arrive, au 31e Régiment d’Artillerie de Campagne  le 12 août 1914 (Le Mans).
Malgré la lecture des fiches matricules de chacun des frères, il est impossible de suivre pas à pas, leur parcours exact. Il suffira de suivre leur régiment pour en avoir une idée.
93e RI
A de tels hommes, rien d'impossible

Pierre et Charles Louis sont donc dans le même régiment, 93e RI,  42e Brigade, 21e Division. Lorsque Pierre arrive à la Roche sur Yon, son frère cadet est peut-être  déjà parti avec le premier convoi du 7 août.  Leur parcours les mène vers la Belgique, les combats de Maissin (22 août 1914) et de Chaumont Saint Quentin (26 août) « éprouvent »  fortement le régiment avec des pertes humaines très importantes. La retraite commence, le front recule,  c’est la bataille de la Marne (6 au 13 septembre) avec ses combats au corps à corps dans les tranchées près de la Fère Champenoise.

L’avancée reprend, c’est la « course à la mer ». Le premier hiver est dur. Le 93e RI atteint l’Artois en mars 1915. Le 3  juin, Pierre change d’affectation et rejoint le 153e R.I. (39e Division).  Il reste dans l’Artois, l’offensive coute chère aux nouveaux compagnons de Pierre. Plus de 2000 hommes perdront la vie.
Leur  ainé, Charles restera jusqu’en Septembre 1915  aux arrières (Armée intérieure). Passant du 31e RAC au 51e RAC, Il arrive aux services armés le 14 septembre 1915 alors que son régiment est à  quelques jours de la  seconde bataille de Champagne (25 septembre).
Le deuxième hiver est déjà là. Les hommes sont épuisés, malnutris, malades. A quel moment, Charles Louis est-il transféré à l’hôpital de Beauvais ? La maladie  l’emporte le 11 décembre 1915 à l'âge de 28 ans.  Il faudra attendre 13 ans pour qu’un acte de transcription avec mention « Mort pour la France », soit inscrit sur le registre des décès de Castelsagrat.
le 17 mars 1916, trois mois après son frère, Pierre 33 ans,  meurt des suites de blessure, à Chaumont sur Aire dans la Meuse. (Ambulance 235, section postale 24).
Le parcours de Charles  l’ainé durera  les 4 années.  Mis en congé illimité en février 1919, il se retire à Noirmoutier. « Maintenu en service armé il n’a droit à aucune pension. L’affection  est  antérieure au service armée et non aggravée, (incapacité inférieure à 10%) ».  Il passera en commission de révision le 15 juin 1921 qui le déclarera en « excellent état général ».  Il restera affecté en réserve puis en 1923 en 2e Réserve. 



Il décède le 27 mai 1927 à l’âge de 45 ans à Noirmoutier.  Une ultime commission de révision le 14 juin, soit 17 jours après son décès, le déclare « réformé définitivement pour maladie (Tuberculose).  Une  commission bien tardive et au-delà de ses 45 ans !
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Pierre Jean Providence est inhumé à la Nécropole Nationale de Rembercourt-Sommaisne, son nom figure au MAM de La Barre-de-Mont en Vendée.

Valence d'Agen - Lavoir

Charles Louis est inhumé au carré militaire de Beauvais. Son nom est inscrit sur le MAM de Castelsagrat. La transcription de son décès avec mention  « Mort pour la France » a été faite le 27 janvier 1928 à Castelsagrat.
Quelques jours après, le 18 février 1928, sa fille unique  Marie-Louise se marie à Valence d’Agen.




Un grand merci à Paul du FDA de Vendée pour les 3 fiches matricules des frères BILLON.

SOURCES :
Site Valence d'Agen (Photo du lavoir)
Mairies de Montjoi & de Castelsagrat.
SGA Mémoire des Hommes - Journaux des Unités.
Archives Départementale de Montauban (acte de mariage BILLON x MERCIER)

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